Sam Raimi

Sam Raimi

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Naissance d'une légende du cinéma d'effets spéciaux et d'horreur

Historique sur un film culte
(Source : Mad Movie n° 44 année 1986...)


Pas un dollars en poche et du talent à revendre . Édifiant point de départ . Mais l'abscence de moyens stimule et conditionne l'imagination . Sam Raimi a dû se remémorer l'expérience de George Romero sur (la nuit des morts vivants), de Tob Hooper sur (massacre à la tronçonneuse), de Wes Craven sur (la colline a des yeux) ... Des films économiquement faible, tournés dans l'anonymat le plus complet sans le soutient des majors .
Evil Dead s'inscrit dans cette lignée et comme ses compagnons de fortunes, n'espérait guère plus qu'une juteuse carrière en drive-in . Lors de sa programmation au marché du film en 1981 à Cannes, rien ne le distinguait des dizaines de nanars en attente de projection ... Sam Raimi présage au mieux quelques ventes en vidéo . Le petit destin d'un film de série Z .
Mais Evil Dead ne restera pas longtemps le nanar qu'il paraissait être . Enthousiasme délirant d'une douzaine de fans . Il n'en fallait pas plus pour acquérir aussitôt la réputation fameuse du film le plus horrible, le plus saignant de toute l'histoire du cinéma. Un bijou du gore . Raimi n'en demandait pas temps ......
20 ans voilà l'âge de Raimi lorsqu'il écrivit et mit en scène Evil Dead ... Sam Raimi possède déjà une solide expérience des budgets radins puisque dés 13 ans il entame la réalisation en super 8 d'une trentaines de comédies allant d'une durée de 5 minutes à celles de long-métrage . Lorsqu'en 1978, Raimi entreprend la production de ce qui sera Evil Dead, l'équipe est déjà au complet . Raimi bien sûr et aussi le comédien Bruce Campell (également producteur exécutif) et Robert Tapert, préposé aux (douloureuses ) question financières .
Problème n° 1 :
Raimi et ses copains sont fauchés comme les blés et ce ne sont pas les boulots de garçons de café et de chauffeur de taxi qui peuvent suffire au financement d'un long métrage, même en 16 mm . Fort de la fondation récente de leur maison de production (Renaissance Pictures) Raimi et Tapert gribouillent un scénario titré : "The book of dead"  base de deux courts-métrages, Within in the wood (trente minutes), ébauche d'Evil Dead destiner à convaincre d'éventuels investisseurs .
Portant costume et cravate, ils arpentent tout Detroit et le projettent à qui veut les écouter (avocats, dentistes, toubibs, ...). Un parcours qu'adapteront cinq années plus tard les frères Cohen (Joel fit ses premières armes comme assistant monteur sur Evil Dead!) pour pourvoir aux besoins de (Blood Simple) . Fruit de ce démarrage 120.000 $ !
Raimi dégotte une cabane pourrave perdue dans les bois du Tennessee . Il fait très froid et la bicoque qui tombe en ruine n'a pas plus de chauffage que d'électricité . Par rapport à  Within in the wood, Evil Dead  subit d'importantes modifications dont l'inversion des rôles de Bruce Campell et d' Ellen Sandweiss, respectivement monstre et victime dans le court-métrage . Commence alors 11 semaines de galère . 15 heures de boulot par jour, des tournages de nuits éprouvant...En bref des conditions impossibles, inadmissibles dans une production "normale" . Malgré les aléas, Evil Dead est mené à bien . Après une période "voie de garage" de quatre mois faute d'argent pour continuer . Il faudra à Raimi attendre prés de 3 ans avant de voir Evil Dead atteindre sa version définitive
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(Source : Mad Movie n° 44 année 1986...)
Déjà un classique :
Evil Dead ne serait pas ce qu'il est sans sa mise en scène démente, son scénario étant , il est vrai, d'une minceur extrême .
Quatre étudiants s'installent dans une baraque perdue en pleine forêt et invoquent par jeu une force diabolique qui les possèdera un à un pour les transformer en zombies . Le survivant devra employer les grand moyens afin de se débarrasser d'eux . Ce n'est guère original, simpliste à la rigueur et surtout peu motivant pour un réalisateur . Heureusement Sam Raimi à écrit son script en faveur du traitement qui lui sera imposer . Mais l'histoire, justement parce qu'elle a été raconté cent fois, intervient en véritable catalogue du cinéma fantastique .
Il y a l'unité de temps (une nuit de pleine lune), de lieu (la cabane et ses environs immédiats), les démons libérés par les formules cabalistiques contenues dans un grimoire (relié peau humaine)... Des lieux communs ou des archétypes . Inévitablement des références cinéphiliques viennent à l'esprit : Massacre à la tronçonneuse (lorsque Bruce Campell saisit le fameux instrument pour découper sa promise), La nuit des morts-vivants (le cloisonnement géographique et temporel de l'action, le démembrement des zombies comme seul moyen de les envoyer remplir les enfers), Burnt Offerings de Dan Curtis (la végétation agressive violant Ellen Sandweiss), un clin d'oeil à Wes Craven au passage (l'affiche déchirée de La colline a des yeux dans la cave)...Les comparaisons littéraires, de manière encore plus inévitable, s'imposent d'elles même, plus par recoupement de situations, des mythologies que par la volonté de l'auteur . Lovecraft pour cette entité indicible soudain libérée de sa prison et surtout Richard matheson avec "je ne suis pas une légende" dont La nuit des morts-vivants avait déjà prélevé quelques éléments (l'homme normal contre les monstres qui sont désormais la norme, l'impossibilité pour le héros d'achever sa femme par amour _ plus fort que la mort_ ...), lesquels se retrouvent donc ici . A la bousculade des thèmes au portillon d'Evil Dead répond un décorum connu : Persistance de la lune, du brouillard, nature hostile, délabrement de la cabane... catalogue malgré lui, Evil Dead compense le "déjà vu" par sa totale démesure due partiellement et paradoxalement à une étonnante économie de moyens (le même cadavre sert plusieurs fois !) et surtout à sa brutalité (on a vraiment l'impression que les armes blanches rentrent en contact avec les corps) . Aussi à son exagération grand-guignolesque (le crayon planté dans le pied), une certaine innovation (ce ne sont plus les femmes qui hurlent mais l'homme)... Mais Evil Dead comme tous les grands films d'horreurs de sa génération, renferme une solide dose d'humour même au plus profond de l'atroce . Drôlerie du grand-guignol (les canalisations qui pètent sous la pression du sang, l'asticot sur le cadavre en décomposition...), drôlerie très clin d'oeil (les zombies jouant, riant entre eux et adressant au rescapé un "On va t'avoir" ironique)...
Au totale, un spectacle ahurissant et vivifiant, ça barbote dans la barbaque, le sang coule à gros bouillons, les corps son hachés menu... pas malsain mais tonifiant, une hystérie jouissive que Raimi retrouvera, à un degré moindre dans la comédie burlesque et irréaliste de Crimewave . Trois ans après sa sortie, déjà un classique .
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